Nous... et les autres

15.08.2016

Edito H.com août 2016

Par Sandra Jeanneret, directrice des soins

Début août, le patriarche d'une communauté de gens du voyage séjournant dans la région décédait de mort naturelle. L'accueil des membres de la communauté venus par centaines honorer le défunt dans notre hôpital a mis en exergue les différences culturelles, les peurs et les représentations auxquelles nous devons répondre face  aux personnes migrantes ou populations réfugiées.

Pour prendre en soin ces personnes avec humanité, il nous faut améliorer nos connaissances et anticiper la complexité des situations qui vont se présenter à nous. Un décès, une naissance, une maladie, un événement de la vie sont autant de situations qui nous confrontent aux us et coutumes de chaque société et aux difficultés de compréhension des besoins de l'individu selon son système de valeurs. Ceci s'accompagne aussi de pathologies disparues ou inexistantes en Europe et de traumatismes liés à l'exode ou à la guerre.

A cet effet, des groupes de travail traitant de la migration se mettent en place au sein de la Confédération, du canton et à l'interne de notre institution. Ils ont pour but de soulever les problématiques liées à la langue, aux risques de transmission de maladies contagieuses, aux différents statuts des personnes migrantes, mais aussi de connaître les structures d'accueil de la région et de proposer des alternatives.

Le sentiment d'irrespect, d'intrusion ou de comportement menaçant peut être ressenti des deux cotés, que ce soit par le soignant ou par le patient. De nouveau, la communication est au cœur de la solution. Encore faut-il pouvoir se faire comprendre lorsque la langue est une barrière.

En vivant dans la même société, nous sommes déjà confrontés à des difficultés de communication interpersonnelle. Il est donc évident qu'en ajoutant le frein de la langue, les différences culturelles, morales et sociales, nous entrons dans une zone d'inconfort. Il nous appartient donc de faire le premier pas, de faire preuve d'ouverture et de tolérance.

Nous devons aussi expliquer ce qui n'est pas acceptable dans notre société. Il ne s'agit pas, non plus, de tout accepter, au risque de renier nos propres valeurs, mais de trouver le chemin de la compréhension mutuelle et de l'interpénétration culturelle.

 

"Vos préjugés sont vos fenêtres sur le monde. Nettoyez-les de temps en temps, ou la lumière n'entrera pas."

Isaac Asimov