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"Avec les abeilles, on a jamais fini d'apprendre"

10.05.2017

Infirmier anesthésiste et apiculteur passionné, Nicolas Barthel a installé cinq colonies d’abeilles sur le toit du site de Pourtalès. La production de miel sera vendue en priorité aux collaborateurs de l’HNE

Elles disposent d’une vue imprenable sur le quartier de la Maladière, le lac de Neuchâtel et les Alpes. A la mi-mars, Nicolas Barthel, infirmier-anesthésiste et apiculteur passionné, a installé cinq ruches sur le toit du site HNE-Pourtalès. Il a choisi la situation la plus à l’est possible, à 50 mètres de l’héliport desservi par la Rega. «Les abeilles ont besoin de tranquillité, souligne-t-il. Ici, elles ne sont pas dérangées par les palles des hélicoptères. Je dispose en outre d’un local pour mon matériel à proximité immédiate.»

Le développement de ruches en entreprise est en pleine extension. Souvent proposé par des sociétés spécialisées, cela permet de promouvoir l’apiculture urbaine et de protéger les populations d’abeilles mises à mal par l’agriculture extensive. Pour Nicolas Barthel, c’est aussi le moyen d’exercer sa passion à proximité immédiate de son lieu de travail: «Depuis 2013, j’ai des ruches à Tête-de-Ran, juste à côté de chez moi. Chaque printemps, quand je descendais travailler à Pourtalès, je regardais avec envie les fleurs éclore avec plusieurs semaines d’avance. Cela m’a donné l’idée de me lancer. J’ai fait la proposition et j’ai obtenu le soutien de la direction générale de l’HNE.»

L’infirmier-apiculteur s’occupe désormais de quinze colonies: dix installées à 1300m d’altitude et cinq au niveau du lac. «A Neuchâtel, la production de miel commence beaucoup plus tôt. Le contexte est aussi différent: on se trouve en milieu urbain, avec des fleurs qui se trouvent avant tout dans les jardins de particuliers. Il me faudra un temps d’adaptation. Avec les abeilles, on n’a jamais fini d’apprendre.»

Nicolas Barthel a été initié à l’apiculture un peu par hasard. «Un voisin qui possédait deux colonies m’a demandé de m’en occuper pendant ses vacances. Cela n’a pas été simple, mais cela m’a décidé à me lancer: je cherchais justement un moyen de m’impliquer activement dans la protection de la nature et de la biodiversité.» Amoureux des grands espaces, passionné de ski de fond, le résidant de Tête-de-Ran concède qu’il vivrait volontiers dans le Montana ou en Alaska: «Je serais bien incapable de vivre en ville.»

 

« Mes filles de 3 et 5 ans dessinent mes étiquettes. Cela m’a donné l’idée de faire participer des enfants qui n’ont pas la chance d’être en bonne santé »

 

Pour acquérir les bases de l’apiculture, Nicolas Barthel a suivi en 2013 et 2014 les cours de l’Espace abeilles, à Cernier, avant de faire la formation d’inspecteur-adjoint des ruchers entre 2016 et 2017. Il a acquis ses deux premières colonies auprès d’un maître-éleveur en 2013.

«Il m’a vendu deux splendides reines, souligne-til avec enthousiasme. Nourrie exclusivement de gelée royale, une reine pond jusqu’à 3000 oeufs par jour. Avec les pesticides, fongicides et autres antibiotiques, leur fertilité a tendance à  baisser. Il faut changer de reine tous les 1 à 2 ans contre tous les 3 à 5 ans il y a une trentaine d’années.»

Que ce soit dans ses loisirs ou dans son métier, le soignant n’a pas peur de se remettre en question. Il a commencé sa carrière professionnelle en 1998 comme ambulancier dans la région lausannoise. «C’était dur, c’est un job dans lequel tu découvres la vie sous ses angles les plus crus et les plus injustes, juge-t-il. Je ne me voyais pas faire cela pendant 20 ans.» Motivé à changer de voie, il reprend des études en 2000 pour devenir infirmier. «Ça n’a pas été simple de retourner sur les bancs d’école. Sans la compagnie d’un ami qui a fait le même parcours que moi, je ne suis pas certain que je serais arrivé au bout.»

Le projet Nicolas Barthel ne se limite pas à la production de miel. Avant la première récolte, qui devrait avoir lieu fin mai ou début juin, il prévoit de lancer un concours de dessin pour  illustrer les étiquettes des futurs pots. Il sera réservé aux patients hospitalisés dans le servie de pédiatrie de Pourtalès. «Mes filles de 3 et 5 ans dessinent mes étiquettes, raconte l’apiculteur amateur. Cela m’a donné l’idée de faire participer des enfants qui n’ont pas la chance d’être en bonne santé.» Si rien n’est encore formellement décidé, la centaine de kilos de «miel de toit» qui sera produite chaque année devrait être vendue en priorité au personnel de l’HNE.