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"Il n'y aura pas de black-out à l'hôpital"

"Il n'y aura pas de black-out à l'hôpital"

27.09.2022

Le directeur logistique Jérôme Kübler fait le point sur l’approvisionnement du RHNe dans un contexte de crise énergétique.  

La guerre en Ukraine aura un impact direct sur la sécurité de l’approvisionnement de la Suisse en électricité et en gaz pour l’hiver prochain. Dans ce contexte incertain, le RHNe a mis en place une cellule de crise spécifique qui évalue différents scénarios, en étroite collaboration avec la cellule de crise cantonale. Le point de la situation avec Jérôme Kübler, directeur logistique.

- Le RHNe risque-t-il d’être confronté à un black-out – à savoir une panne d’électricité généralisée?

- Tout d’abord pour éclaircir les choses, un black-out est une interruption de l’alimentation électrique sur tout un territoire due à une défaillance technique, une catastrophe naturelle, un acte malveillant ou un déséquilibre entre la consommation et la production d’électricité. C’est en gros une « panne d’électricité ». S’il y a un déséquilibre entre l’offre et la demande d’électricité pendant une longue période (semaines, mois), on parle de pénurie d’électricité et dans ce cas, afin d’éviter un black-out, l’Etat intervient et prend des mesures… et ce sont ces mesures qui nous intéressent.

Les mesures que la Confédération pourra prendre successivement selon l’aggravation de la pénurie seraient :

Interdiction et restriction d’utilisation d’appareils gourmands en énergie (piscines, ascenseurs, éclairages extérieurs, etc.)
Contingentement de la consommation. Pendant une période réduite, les client-e-s ne disposeraient que d’une quantité de courant réduite par rapport à une situation normale.
Finalement, la mesure ultime sous la forme de coupures d’électricité périodiques, planifiées et alternées par secteur géographique appelées délestages (par exemple 4h sans courant toutes les 8 h)

Les hôpitaux pourraient disposer d’une alimentation en continu si le Conseil fédéral les intégrait parmi les infrastructures critiques – il y a encore une incertitude à ce propos. Nous serons dans tous les cas soumis à un contingentement, ce qui nous contraindrait de réduire notre consommation d’électricité autant que possible tout en nous permettant de poursuivre nos missions de soin. Nous ne devrions cependant pas être soumis à des délestages.

Finalement, en cas de black-out, les sites de Pourtalès et de Couvet sont à 100% secourus par des génératrices, les installations critiques du site de La Chaux-de-Fonds sont également secourues, seuls les sites du Val-de-Ruz, du Locle et de la Chrysalide pourraient avoir des coupures d’électricité de quelques heures.

Tous ces scénarios sont pris en compte au sein de la cellule de vigilance du RHNe et des plans de continuités sont élaborés afin de pouvoir assurer la sécurité de nos patient-e-s et collaborateurs/trices en cas de contingentement ou de coupures de courant.

Concernant le chauffage des bâtiments, les hôpitaux seront fournis en priorité en gaz si nécessaire. Le site de Pourtalès pourrait bénéficier de ce statut particulier: il dépend du chauffage à distance de la Maladière, alimenté à 60% au gaz et à 40% par des énergies renouvelables. Les sites de La Chaux-de-Fonds, du Locle et du Val-de-Ruz peuvent être chauffés indifféremment au gaz ou au mazout. La Chrysalide est reliée au chauffage à distance de La Chaux-de-Fonds (CRIDEC), qui incinère des déchets urbains. Le site de Couvet est quant à lui raccordé au chauffage à distance communal alimenté au bois.

- Le Collège des directions demande aux collaboratrices et collaborateurs du RHNe d’économiser l’énergie sur leur lieu de travail, car « chaque kilowattheure épargné compte ». Vous avez des chiffres concernant l’impact de ces « écogestes » ? 

- Oui, des gestes simples permettent d’économiser une quantité substantielle d’électricité. Je vous donne plusieurs exemples:  60% de l’énergie consommée par une machine à café individuelle sert à la maintenir chaude ; éteindre son ordinateur et son écran la nuit permet d’économiser environ 20% de l’énergie qu’il consomme sur 24 heures ; retirer son chargeur de téléphone mobile de la prise permet d’économiser chaque semaine l’équivalent de 1h de fonctionnement d’une ampoule à incandescence de 60w. De manière générale, le simple fait d’enlever les prises des appareils éteints reliés à des transformateurs permet d’économiser 1% de la consommation électrique d’un ménage.

Dans cet esprit, nous sommes en train de définir un plan d’action à l’échelle institutionnelle. Il comprend notamment le remplacement des ampoules à incandescence par des LEDs ; la mise en place de détecteurs de mouvement pour les éclairages ou encore la limitation de la température hors zones de soins à 20 degrés. C’est l’occasion pour toutes et tous d’une réflexion globale sur notre utilisation de l’énergie, qui comprend aujourd’hui une grande part de gaspillage.

- Quelles sont les mesures prises pour réduire la consommation d’énergie du RHNe à plus long terme ?

- C’est un processus au long cours. Depuis 2006, notre institution s’est engagée à améliorer son efficacité énergétique au travers du programme cantonal « gros consommateurs » dans un premier temps, puis au travers d’une convention d’objectifs auprès de l’Agence de l’énergie pour l’économie (AEnEC) dans le cadre de laquelle nous avons obtenu le label « Protection volontaire du climat et efficacité énergétique » pour l’atteinte de nos objectifs en 2020.

Les mesures qui permettent de les concrétiser concernent principalement des améliorations des infrastructures techniques de nos bâtiments, tant sur le plan des technologies de régulation, de récupération ou de production de chaleur et de froid, qu’au niveau de l’installation d’équipements ou de sources lumineuses plus économes en énergie ou encore de l’amélioration de l’isolation thermique de l’enveloppe des bâtiments.

Dans cet esprit, nous avons lancé des projets de centrales solaires sur tous les sites du RHNe afin de réduire notre empreinte carbone, sécuriser notre approvisionnement en électricité et maintenir les coûts sous contrôle en étant moins tributaires des fluctuations du marché. Les toits des sites de La Chaux-de-Fonds (2022), Landeyeux (2023) et Pourtalès (2023) vont être équipés de centrales photovoltaïques et produire à terme près de 8% de notre électricité. Ces projets couplés à la prochaine réalisation, en partenariat avec Viteos et la ville de La Chaux-de-Fonds, d’une centrale solaire recouvrant le parking nord du site des Montagnes permettra de couvrir près de 25% de notre consommation globale avec de l’électricité renouvelable produite sur nos sites.

L’autre volet du développement durable passe par une consommation responsable des ressources au travers de l’ensemble de nos achats, de nos processus d’exploitation, du recyclage et de l’élimination de nos déchets. Cet aspect est traité dans le cadre du projet Management durable RHNe.