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COVID-19 : « Nous avons appris à fonctionner de manière différente »

COVID-19 : « Nous avons appris à fonctionner de manière différente »

19.05.2020

Le premier patient positif hospitalisé sur le site de La Chaux-de-Fonds a été admis le 8 mars. Entre cette date et le 12 mai, 71 autres patients ont été admis sur le site. Retour sur cette période de crise avec le Professeur Hervé Zender, médecin-chef de service de médecine interne.

 

-Quelles adaptations ont dû être réalisées aux urgences de La Chaux-de-Fonds pendant la période du COVID ?

-Le département des urgences avait besoin de créer deux filières distinctes d'arrivée aux urgences : une pour les patients suspects ou COVID confirmés, et l’autre pour tous les autres patients. Une cheffe de clinique de médecine supplémentaire a été engagée ainsi qu'un stagiaire pour pouvoir répondre à cette demande des urgences. Par ailleurs, le département a fourni en renfort un médecin cadre durant tous les jours de week-ends et tous les jours fériés (les nuits restant assurées par un médecin cadre de médecine).

 

-Les autres unités ont également été mobilisées.

-Oui, au niveau des unités d'étage, l'activité en médecine a beaucoup baissé, ce qui a libéré des forces de travail. Deux unités spécialisées COVID ont été créées : la première dans l'ancienne unité de chirurgie A du 7e étage, et la seconde dans l'ancienne unité de chirurgie ambulatoire du 5e étage. Simultanément, toute l'activité chirurgicale opératoire a été interrompue sur le site. Ceci a permis l'accueil des patients COVID dans les unités de chirurgie où le personnel infirmier a effectué avec une grande efficacité et un très grand professionnalisme un travail pour lequel il n'était pas préparé.

 

-Quel a été l’impact au niveau des ressources en personnel ?

-Pour l'activité médicale, toutes les vacances des médecins assistants ont été reportées. Des présences supplémentaires ont été organisées durant les week-ends et les jours fériés et 5 stagiaires supplémentaires ont été engagés. Avec la baisse de l'activité dans les unités de médecine et grâce à certains stagiaires qui ont été promus médecins assistants remplaçants, nous n'avons pas eu besoin de recourir à des médecins assistants des autres départements. Toutes les vacances des chefs de clinique ont également été reportées et nous avons bénéficié de l'aide d'un chef de clinique de l'unité de gériatrie aiguë. Au niveau des médecins cadres, nous avons d'abord dû faire face à la contamination de 3 des 4 cadres au COVID. Une cadre a été confinée à domicile durant 5 jours et une autre cadre a dû être hospitalisée et est encore actuellement en convalescence.

 

-Combien de patients ont été accueillis en soins continus ?

-Au niveau de l'unité des soins continus (habituellement 4 lits), nous avons recréé une unité de soins intensifs de 10 lits entre le 26 mars et le 4 mai en reprenant les 6 lits de l'unité d'hospitalisation de courte durée du département des urgences. Durant cette période, nous avons accueilli 17 patients COVID dont 7 intubés et ventilés artificiellement.

 

-Quelles ont été les contraintes en termes de matériel et de collaborateurs pour les soins continus ?

-Nous avons dû faire face à la nécessité d'avoir plus de ventilateurs de soins intensifs. Le service des soins intensifs de Pourtalès venait d'en acquérir 6 nouveaux, nous avons donc pu monter à La Chaux-de-Fonds 4 anciens ventilateurs "lourds". L'armée nous a prêté 4 ventilateurs supplémentaires de transports. Nous avons recruté le personnel soignant nécessaire pour faire fonctionner une unité de soins intensifs de 10 lits 24h/24: toutes les vacances ont été reportées, les pourcentages de travail ont été augmentés. Nous avons recruté toutes les personnes spécialisées en soins intensifs mais travaillant dans d'autres services voire même en dehors du RHNe, ainsi que du personnel d'anesthésiologie, du RHNe et des cliniques privées du canton. 

 

-Quel bilan tirez-vous de cette période ?

-Neuf semaines après l'arrivée du premier patient atteint, l'activité sur le site est en voie de retrouver son mode de fonctionnement habituel. Nous avons tous appris beaucoup de choses sur ce coronavirus que nous ne connaissions pas auparavant. Nous avons aussi appris à fonctionner de manière différente, avec des collaborations tant au niveau des soignants que du personnel médical qui ont été un enrichissement pour tous. Personnellement, je tiens à remercier très chaleureusement toutes les personnes qui ont intensément travaillé durant cette période dans les diverses unités de La Chaux-de-Fonds mais également tous ceux et celles qui nous ont permis de travailler dans de bonnes conditions, depuis le personnel technique et de nettoyage jusqu'aux cadres dirigeants du RHNe.