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Récupération rapide grâce à la chirurgie mini-invasive

08.12.2016

 

Orthopédie: Nouveaux pôles de compétences pour le département de l’HNE

Depuis quelques années, l’Hôpital neuchâtelois (HNE) propose l’arthroplastie totale de la hanche selon une technique de pose mini-invasive (AMIS pour «anterior minimally invasive surgery», ou procédé opératoire miniinvasif par voie antérieure). Un grand pas pour le patient, car «elle lui permet une récupération fonctionnelle plus précoce qu’avec la méthode «classique», souligne le Dr Jérôme Holveck, chef de service en orthopédie et traumatologie à l’HNE. Techniquement exigeante, elle nécessite cependant un long apprentissage de la part des chirurgiens. Son collègue, le Dr José Manuel Pazos, a été parmi les premiers chirurgiens du pays à utiliser ce nouveau mode opératoire, formant ensuite tous les autres praticiens du département.

Avec les procédés «traditionnels», les chirurgiens sectionnent les muscles fessiers pour pouvoir insérer les prothèses. Raison pour laquelle les patients boitent longtemps après l’intervention et leur convalescence s’étend sur plusieurs mois. La technique AMIS, en revanche, est moins invasive, car e l l e respecte l a musculature fessière. La patientèle récupère ainsi beaucoup plus rapidement que lors d’une arthroplastie «classique»: moins de douleurs post-opératoires, rééducation plus rapide, cicatrice de taille réduite, risques de claudication et de luxation moindres figurent parmi les avantages liés à cette technique chirurgicale.

Logiquement, la durée d’hospitalisation est elle-aussi restreinte: 95% des personnes opérées regagnent leur domicile dans les trois jours, dont certaines peuvent même rentrer après 24 ou 48 heures. «Je me souviens encore d’un patient atteint d’Alzheimer que je suis allé voir juste après l’intervention. Lorsque j’ai pris congé de lui, il s’est levé pour me suivre jusqu’à la porte de sa chambre d’hôpital, comme si de rien n’était: il avait complètement oublié qu’il venait d’être opéré de la hanche», glisse le Dr Holveck.

170 arthroplasties par an

En chiffres, quelque 170 arthroplasties de hanche – trois par semaine en moyenne – ont été réalisées à l’HNE l’an dernier selon la technique mini invasive. Toutes n’étaient pas totales: le procédé AMIS permet aussi de poser des prothèses partielles, c’est-à-dire un seul des deux éléments de l’articulation est remplacé.

Il n’y a pas d’âge limite pour pratiquer une arthroplastie totale de hanche: de l’adolescent au centenaire, les patients peuvent bénéficier de ce type de traitement à toutes les périodes de leur existence.

Pour valoriser ses activités, le service d’orthopédie élective et de traumatologie de l’HNE est devenu un département à part entière le 1er septembre (lire encadré). Il est spécialisé dans la prise en charge des affections traumatiques - urgences comprises - et dégénératives de l’appareil locomoteur. Les affections sont traitées par des moyens chirurgicaux de pointe ou conservateurs.

Le rachis aux urgences

Un service de piquet du rachis a été récemment instauré aux urgences de l’HNE par le Dr Guillaume Racloz. Le spécialiste de la colonne vertébrale est «bipé» par les médecins urgentistes en cas de nécessité (fractures notamment): cinq signaux d’alerte nécessitent le diagnostic d’un expert du domaine.

Dans sa consultation, l’affection la plus fréquente est la hernie discale lombaire. Bon nombre de patients sont traités par thérapie conservatrice (médication antidouleur, repos, physiothérapie et infiltrations parfois). Si les maux persistent après 3 à 6 semaines, la chirurgie est envisageable. «Lorsqu’un disque intervertébral appuie sur le nerf, cela peut devenir handicapant», explique le Dr Racloz. En cas de gros déficits (perte de sensibilité ou relâchement du sphincter vésical par exemple), il faut opérer en urgence.

Autre pathologie répandue, le canal lombaire étroit (le conduit qui abrite les nerfs est trop exigu) peut être d’origine morphologique ou dégénérative (arthrose). Si la thérapie conservatrice (exercices de renforcement musculaire) ne parvient pas à soulager le patient, le canal peut être ouvert chirurgicalement. Le spécialiste intervient aussi en cas de malformations du rachis, principalement des scolioses pédiatrique, de l’adolescent et de l’adulte. Avant toute chirurgie du rachis, le praticien échange avec le patient sur le geste opératoire et ses éventuels risques. «La qualité de vie de la personne doit toujours être prise en compte dans la réflexion», insiste le Dr Racloz.

 

Mieux répondre aux besoins

Avec davantage d’orthopédistes spécialisés, la création de nouveaux pôles de compétences, un volume d’actes chirurgicaux en hausse et une plus grande dotation de physiothérapeutes, l’activité de l’orthopédie élective
et de la traumatologie est en plein essor à l’Hôpital neuchâtelois. Signe de cette valorisation, le service a été transformé en département au début du mois de septembre. Il réunit à l’heure actuelle quatre orthopédistes aux profils complémentaires: le Dr Jérôme Holveck, orthopédie générale et pédiatrique, qui officie aussi comme consultant en orthopédiatrie aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG); le Dr José Manuel Pazos, orthopédie et traumatologie, qui est l’un des précurseurs de l’arthroplastie de hanche selon la technique AMIS dans le canton de Neuchâtel; le Dr Jean Damien Nicodème, chirurgien orthopédiste du pied et de la cheville; le Dr. Guillaume Racloz, chirurgien orthopédiste spécialiste du rachis (colonne vertébrale), référant aux HUG. De nouveaux collaborateurs vont encore rejoindre le département dans le but de compléter son champ de compétences. «En orthopédie les spécialisations deviennent toujours plus pointues, détaille le Dr Pazos, et c’est un bénéfice pour les patients».

Pathologies handicapante

Une particularité du domaine de l’orthopédie, c’est que «les affections sont souvent handicapantes pour les patients. Avec le vieillissement de la population, elles tendent à augmenter, notamment les pathologies dégénératives cartilagineuses de type arthrosique», explique le Dr Holveck. «En étendant nos prestations, notre but est de répondre au mieux aux besoins de la population». Des adaptations sont en cours pour développer des complémentarités et des filières de soins en collaboration avec les autres départements médicaux. Le nouveau département innove sur le plan structurel également en instaurant une gouvernance collégiale: la chefferie sera tournante. Autrement dit, trois orthopédistes chefs de service prendront à tour de rôle la tête du département pour une période de deux ans. L’objectif étant de créer une émulation au sein de l’équipe. Le Dr Pazos est le premier à assumer la fonction de chef du département.