RHNEmag

Le RHNEmag est le magazine du Réseau hospitalier neuchâtelois. Publié deux fois par an, il traite de la vie de l'institution et de la santé en général au travers de reportages, de portraits et d'interviews

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"Une lutte de tous les instants, au bénéfice des patients"

29.06.2020

Douze collaboratrices et collaborateurs du RHNe racontent la façon dont ils ont traversé la pandémie

En l’espace de quelques semaines, tout a été chamboulé… Des unités dédiées au COVID-19 ont vu le jour en quelques heures, des protocoles spéciaux ont été mis sur pieds, des dizaines de malades ont été traités.  Le coronavirus a forcé au changement, à l’adaptation, à l’improvisation parfois.

Dans cette crise inédite, les professionnels de l’hôpital ont fait la différence. sans savoir quelle serait l’issue de cette épidémie, les équipes du RHNe étaient prêtes à faire face et à réagir rapidement. Le RHNe mag a  recueilli le témoignage de douze collaboratrices et collaborateurs dont l’activité a été primordiale dans  la lutte contre le COVID-19.

DR HERVÉ ZENDER
Médecin-chef, Département de médecine

"Nous avons tous appris beaucoup de choses sur ce coronavirus que nous ne connaissions pas auparavant. Nous avons aussi appris à fonctionner de manière différente avec des collaborations tant au niveau des soignants que du personnel médical qui ont été un enrichissement pour tous. Personnellement, je tiens à remercier très chaleureusement toutes les personnes qui ont intensément travaillé durant cette période dans les diverses unités de La Chaux-de-Fonds mais également tous ceux et celles qui nous ont permis de travailler dans de bonnes conditions, depuis le personnel technique et de nettoyage jusqu’aux cadres dirigeants du RHNe."

FLORIANE AMAURY
Technicienne en radiologie médicale et référente scanner

"Notre activité en radiologie a été consacrée à 80% aux patients COVID. Nous avons été très sollicités pour faire des radios de thorax pour les patients admis aux urgences et aux soins intensifs. Le temps de réalisation de nos examens s’est vu augmenté: pour ne pas être contaminés ni être un vecteur de propagation, nous devions être extrêmement vigilants aux mesures de protection et de désinfection. Nous avons rencontré des situations difficiles avec la découverte que certains de nos patients étaient positifs seulement une fois les images du scanner faites, ou par hasard lors d’un suivi radiologique. L’entre-aide déjà existante au sein de notre équipe a été primordiale et elle s’est renforcée durant cette crise."

BÉATRICE DUVILLARD
Infirmière, Unité de prévention et contrôle de l’infection

"L’hygiène des mains a bénéficié d’une viralité sans précédent, les bijoux ont quitté les mains et la tenue professionnelle est à la mode.
Aïe mes coronaires! 25ème appel en 2 heures, on recycle les surblouses, l’unité dépistage COVID déménage pour la troisième fois, rupture de désinfectant, contrôle des flux d’air, les masques sont chinois et les mains sont désinfectées avec un produit jordanien. Les mains gantées sont partout y compris dans mes cauchemars et le comble: 48 heures sans intranet.
tout est à réajuster au quotidien. Je perds de ma crédibilité. Les soignants ne comprennent pas, n’écoutent plus. Les images de cette crise effrayante hantent les médias. Je suis plus directive et répète qu’ici, c’est RHNe et non BFMTV.
La découverte, l’équipe s’est agrandie. Incroyable le nombre d’experts autoproclamés en Prévention et contrôle de l’infection! Mon bilan: résilience, énergie et bravo à tous les collaborateurs."

MATILDA ANDRIC
Réceptionniste

"Lorsque le COVID-19 est arrivé en Suisse, je n’avais pas imaginé qu’il chamboulerait autant notre quotidien. J’ai réalisé l’ampleur de la crise lorsque j’ai travaillé au COP de Pourtalès, quelques jours avant les premières mesures du Conseil fédéral. Nous avons eu un «record» avec la venue de 78 patients pour un frottis! A la fin de cette journée intense, j’ai eu peur que nous soyons saturés et vite à bout. Heureusement, j’ai eu la chance de travailler avec des équipes solidaires et soudées. A mon sens, cette crise est la preuve que nous avons tous besoin les uns des autres et que chaque corps de métier est indispensable au bon fonctionnement de notre hôpital."

EDITH ROTA
Coordinatrice ressources

"Dès la mise en place des premières mesures liées au COVID-19, j’ai été sollicitée pour intégrer l’équipe des Coordinateurs ressources. Mon rôle a consisté à trouver du personnel soignant disponible pour renforcer les unités de soins et remplacer les potentiels collaborateurs absents, en étroite collaboration avec les différents cadres de soins de proximité et supérieurs ainsi que la Direction des soins.
J’ai dû m’adapter rapidement à cette nouvelle casquette et cette expérience m’a permis de comprendre l’importance et l’investissement de chaque fonction dans les soins et leur interdépendance. Je salue l’interdisciplinarité et la solidarité dont a fait preuve tout le personnel et je suis fière d’y avoir contribué."

DOMINIQUE CASTELLA
Directeur adjoint CIGES

"Sur le plan de l’informatique, cette crise sanitaire a permis une formidable accélération du déploiement des technologies de collaboration et connexion à distance. Cela a été rendu possible par la motivation, l’engagement et la créativité des équipes du CIGES et du SIEN qui ont fourni jour et nuit de gros efforts dans l’ombre pour répondre à la priorité COVID. Je leur en suis très reconnaissant.
Sur un plan personnel, même si la période a été très stressante, j’ai aussi ressenti une grande motivation. J’ai eu l’impression de faire quelque chose d’utile, de contribuer, même de manière modeste, en aidant les soignants à soigner. Je suis fier d’avoir pu porter l’image de l’informatique dans l’institution durant cette crise."

BORIS CHABLOZ
Infirmier expert aux soins intensifs

"Aux soins intensifs, la collaboration a été essentielle, que ce soit avec les autres professionnels ou au sein de l’équipe. Nous travaillions déjà étroitement avec les physiothérapeutes mais nous n’aurions pas pu fournir cette qualité de travail sans l’aide des autres collaborateurs. Ils ont su faire preuve d’abnégation et de professionnalisme pour renforcer nos effectifs.
Dans l’équipe des soins intensifs, les liens ont été renforcés entre tous: médecins assistants, médecins-chefs, intendantes, aide-soignants, infirmiers et nos cadres soignants. Personnellement, je me souviendrai de cette période comme propice à l’entraide, à la bonne humeur, faisant fi d’éventuelles divergences personnelles, où tout le monde tire à la même corde."

LUCIEN CORNU
Responsable approvisionnements

"Avec la fermeture progressive des frontières nous avons rencontré des difficultés d’approvisionnement début février déjà. En mars, tout s’est emballé: impossible d’obtenir du matériel rapidement. Le trafic international, dont dépendent nos livraisons, fonctionnait au ralenti tandis que nos services soignants commençaient à recevoir les premiers cas de coronavirus.
Nous avons dû nous tourner vers d’autres prestataires que nos fournisseurs habituels pour constituer des stocks de consommables médicaux. Notre activité a doublé durant les mois de mars et avril. Grâce à l’énorme travail réalisé par nos équipes et à un élan de générosité dans le canton matérialisé par de nombreux dons, nous avons pu constituer les stocks nécessaires pour soigner la population."

ELISABETH AMBADIANG
Ingénieure biomédicale

"En tant qu’ingénieure biomédicale, je devais comprendre la mise en place des différents plateaux techniques, identifier rapidement les enjeux en termes d’équipements. Je devais aussi étudier les besoins complémentaires en consommables, les regrouper, définir la stratégie à mettre en œuvre, identifier les fournisseurs potentiels et engager les acquisitions. Je devais aussi surveiller les délais d’approvisionnements dans un contexte de pénurie mondiale, les corréler avec le planning d’ouverture des unités COVID, accompagner et informer les équipes «terrain» et «support».
Une lutte de tous les instants, au bénéfice des patients. Je suis fière d’avoir contribué à l’effort en apportant mon soutien pour l’organisation des soins pendant cette pandémie sans précédent."

NOÉMIE TICON
Physiothérapeute

"Début mars, les premiers cas COVID-19 sont hospitalisés à Pourtalès. Je viens alors de commencer ma spécialisation respiratoire et je me retrouve catapultée en première ligne auprès des patients les plus sévèrement atteints. Les demandes s’accumulent, tout comme les responsabilités. Heureusement, je peux compter sur le soutien et les précieux conseils de mes collègues, avec lesquels nous avons assuré les soins respiratoires 24h/24 et 7j/7. Au travers de cette période, j’ai grandi et appris bien plus que je ne l’aurais imaginé, tant au niveau professionnel que personnel."

GIAN LUCA PISCOPELLO
Aide-soignant de l’unité COVID

"Quand notre chef de service nous a annoncé que le 3ème étage du site du Locle devait accueillir des patients positifs au COVID-19, j’ai dans un premier temps eu un sentiment d’angoisse à cause de tout ce que j’entendais à la télé, peur des conséquences pour ma santé mais surtout pour celle de mon épouse et de mes proches.
Mais c’était la réaction normale à la peur de l’inconnu, peur qui a disparu quand nous avons eu plus d’informations sur la transmission du virus et sur les dispositifs de protection individuelle.
Maintenant que la situation d’urgence est passée et que c’est le moment des bilans, je trouve que l’équipe a bien répondu à cette nouvelle mission avec professionnalisme et humanité, aussi dans les situations de stress.
Notre métier n’est pas facile. Mais quand on voit les patients partir et nous remercier pour tout ce qu’on a fait pour les aider à passer un moment difficile, il n’y a pas de récompense plus grande."

MARIA DOS SANTOS ALMEIDA
Aide-intendante

"Alors que ça fait 20 ans que je travaille sur le site du Locle, je n’avais rien vécu de semblable avant. C’était une période très intense. Les premiers jours ont été difficiles à cause de l’incertitude. Certaines nuits, je n’arrivais plus à dormir car je me demandais si j’avais tout fait correctement dans ma journée de travail.
Certaines de mes collègues étaient stressées car on ne savait pas à quoi s’attendre. Heureusement notre cheffe et l’unité de prévention et contrôle de l’infection nous ont beaucoup expliqué ce qu’était ce virus, comment il se transmettait et les moyens de nous protéger. Ça m’a beaucoup rassurée et je me suis sentie en sécurité sur mon lieu de travail. Ça a été très précieux d’avoir ce suivi et d’être soutenue."