Festi’neuch, contre vents et marées (humaines)
Festi’neuch, contre vents et marées (humaines)
Date de publication : 25.06.2025
Le staff médical de l'infirmerie. La photo a été prise le jour de l'ouverture du festival, le jeudi 12 juin.
Malgré une évacuation, Festi’neuch s’est déroulé sans blessé-e grave grâce à une gestion exemplaire. Explications du co-responsable de l’infirmerie, Fabien Piaget.
Festi’neuch a une nouvelle fois conquis son public lors de sa 24e édition, qui s’est tenue du 12 au 15 juin sur les Jeunes-Rives à Neuchâtel. Le record de fréquentation de 2024 n’a toutefois pas été battu. En cause : la tempête qui a frappé le littoral neuchâtelois le dimanche 15 juin vers 15h, entraînant l’évacuation de 7000 festivalier-ère-s et la clôture prématurée du festival. Grâce au professionnalisme des organisateur-rice-s et des bénévoles, l’orage et ses vents records à 140 km/h n’ont pas fait de blessé-e-s graves.
L’infirmerie de Festi’neuch, tenue, entre autres, par des soignant-e-s du RHNe, a fait office d’abri temporaire durant la tempête. « Une centaine de personnes a pu se réfugier dans nos trois containers solides. La plupart étaient des personnes âgées, à mobilité réduite ou des familles avec de jeunes enfants en poussette qui n’ont tout simplement pas eu le temps d’évacuer », explique Fabien Piaget.
Même si la cellule orageuse était surveillée de très près depuis le jeudi 12 juin, l’intensité des vents restait une grande inconnue. « Les météorologues avec lesquels nous étions en contact n’ont pu se prononcer sur cette variable que quinze minutes avant l’arrivée du front orageux. Cinq minutes ont ensuite été nécessaires pour mettre en place la communication. Il ne restait donc plus que dix minutes pour évacuer le site. »
Au moment de l’évacuation, une partie du staff médical s’est rendue à la scène Lacustre, où Junior Tschaka et 150 écolier-ère-s devaient se produire. « Les enfants se trouvaient déjà en sécurité dans l’enceinte du lycée Jean-Piaget. Nous avons toutefois dû rassurer et orienter leurs parents pour qu’ils puissent les récupérer dans le calme. Nous sommes ensuite retournés à l’infirmerie pour prêter main-forte aux collègues bénévoles et prendre en charge d’éventuels blessés. » Entre-temps, le dispositif a été renforcé spontanément par cinq médecins et autant d’infirmiers. « C’était un peu chaud, mais nous étions prêts. Nous aurions pu suturer des dizaines de blessés. »
Une fois l’orage passé, seules sept personnes se sont présentées à l’infirmerie pour des plaies sans gravité. La structure a ensuite servi de poste médical avancé pour le 144 afin d’alléger les urgences de Pourtalès, qui auraient pu devoir prendre en charge des blessé-e-s hors du périmètre du festival. « Sortir du site a permis de protéger les festivaliers. Le risque tenait au caractère éphémère des infrastructures, qui ont pourtant bien tenu malgré les circonstances. Si on a évité le pire, ce n’est pas par chance, mais grâce à un excellent travail avant et pendant le festival. »
Une cellule de soutien psychologique a été proposée aux bénévoles, mais celles et ceux du staff médical n’en ont pas fait usage. « Les membres de l’infirmerie n’ont pas été choqués, mais passer d’une ambiance festive à un contexte de stress intense, où il faut rapidement fixer de nouvelles priorités, a été émotionnellement très fort. »
De son côté et en prévision d’un afflux massif de blessé-e-s, le RHNe a pris ses dispositions : le service des urgences a rappelé les médecins absents et annulé les congés. Finalement, seules cinq personnes, présentes à une manifestation équestre à Saint-Blaise, ont subi de légères blessures dues à l’effondrement d’une cantine, et ont été hospitalisées à Pourtalès. Au total, les services d’urgence neuchâtelois ont reçu 300 appels.
Le calme avant la tempête
Durant les trois jours et demi de festival, l’infirmerie et ses 48 bénévoles ont pris en charge 219 patient-e-s, soit davantage que l’an dernier (195 sur quatre jours pleins). La majorité se présentait pour des plaies, notamment aux pieds, ou des maux de tête. Deux ambulances ont été sollicitées pour transférer des patient-e-s nécessitant une surveillance accrue aux urgences de Pourtalès.
Les problématiques liées à l’alcool et aux psychotropes représentent 4 % des cas, un chiffre en baisse. « La prévention porte ses fruits, et les Neuchâtelois sont plutôt sages », observe Fabien Piaget.
Grâce aux travaux réalisés sur le site des Jeunes-Rives, l’infirmerie a pu s’installer dans un espace plus grand et mieux ombragé. « Nous devrions avoir la même infrastructure l’an prochain. Nous envisageons à présent de créer une antenne délocalisée à l’autre extrémité du site dans les années à venir pour intervenir plus rapidement au niveau de la scène du Phare, située à l’extrémité Est du site. »