Une expérience différente mais une qualité de soins identique
Une expérience différente mais une qualité de soins identique
Par Léonard Blatti, directeur des finances et directeur du Centre des services transversaux (CST).
Parmi les multiples régimes de financement avec lesquels le RHNe doit composer, celui des assurances complémentaires est particulier dans la mesure où il relève d’un marché spécifique. Si le terme de « marché » peut choquer dans le monde de la santé, il prend tout son sens dans le domaine des assurances complémentaires, hors du cadre des assurances sociales fédérales. Les complémentaires offrent en effet des prestations spécifiques pour des assurés qui le souhaitent et peuvent se le permettre. Les hôpitaux et les cliniques ont un intérêt à proposer de telles prestations car elles apportent une manne financière non négligeable, expliquant également la forte concurrence qui règne dans ce domaine.
En 2020, ce secteur a connu une remise en question importante. En effet, la FINMA, autorité de surveillance des marchés financiers, a constaté un manque de transparence important, relevant que cette situation pouvait conduire à de mauvaises incitations et une double facturation, soit à l’assurance de base et à l’assurance complémentaire. Une pression forte est désormais mise sur les assureurs et les hôpitaux pour corriger ces manquements. Dans ce contexte, les assureurs et/ou le RHNe ont dénoncé toutes les conventions qui les liaient pour la fin de l’année 2021.
Si le RHNe est bon élève au regard des critiques de la FINMA, nous avons toutefois dû réaliser un travail pour bien identifier et différencier les prestations offertes aux patients privés de celles proposées de manière standard aux patients sans couverture complémentaire. Ces travaux sont en cours de finalisation et nous servent de base pour les négociations tarifaires 2022 qui débutent en ce mois d’octobre. Le comité de pilotage mis sur pied pour porter les réflexions au sein du RHNe est convaincu qu’il a su trouver un juste milieu entre les attentes des patients et des assureurs, d’un côté, et la réalité et les contraintes d’un hôpital public cantonal, de l’autre côté. Espérons qu’il convainque également les assureurs.
Si nous sommes conscients qu’il n’est pas évident pour un soignant de considérer une prise en charge différenciée pour un patient privé, nous estimons qu’il ne s’agit pas d’offrir une qualité de soins différente mais bien de proposer une expérience différente. Elle prend notamment forme par l’intervention et le suivi systématique par un médecin-cadre, par un confort supplémentaire (ex. chambre individuelle et choix des repas) ou par une souplesse d’organisation accrue (ex. horaire des visites).
Ce marché de l’assurance complémentaire pèse entre 7 et 8 millions de francs dans le chiffre d’affaires du RHNe, pour plus de 1'200 patients par année. Il revêt donc une importance certaine pour notre institution et fera l’objet d’une attention soutenue ces prochaines années.