Une actualité brûlante
Une actualité brûlante
Par Dr Olivier Plachta, directeur médical
En ce début de semaine, le moins que l’on puisse dire c’est que l’actualité est riche avec deux signaux majeurs à retenir.
La population est lasse de ce Covid et s’impatiente de reprendre une vie normale alors que les autorités et les scientifiques répètent en boucle : « Maintenez les efforts pour ne pas engorger les dispositifs hospitaliers ! » Dans les médias et sur les réseaux sociaux, nous avons assisté à l’escalade de discours furieux qui ne cessent de faire monter les tensions et les vagues de colère. Malgré un amalgame d’arguments (bons ou mauvais) contre la loi Covid-19, le peuple suisse a donné un premier signal fort. Ce n’est pas celui d’une confiance aveugle dans les autorités, ni d’une conviction de l’utilité du pass sanitaire, mais avant tout une décision qui remet la santé collective au centre des préoccupations.
Néanmoins, les chiffres le prouvent : la 5ème vague est là ! Et ce, alors même que les collaborateurs des hôpitaux n’ont pas eu le temps de se remettre des quatre vagues précédentes, notamment celle de fin 2020, qui n’ont pas épargné le RHNe. L’activité est lourde, la pression est forte, les changements sont incessants. Ce sont l’engagement, les compétences et le travail de chacune et chacun qui nous permettent de tenir le coup et de prendre en charge un nombre de patients si élevé (non-Covid et Covid). C’est grâce à vous que le dispositif résiste et que nous pourrons tenir dans une crise qui va malheureusement durer encore au moins un hiver. Avec un taux de vaccination de près de 90%, les collaborateurs du RHNe (certainement pas tous des convaincus) démontrent leur engagement pour les patients.
Le second signal du week-end : un plébiscite net et limpide à l’initiative sur les soins infirmiers forts. Ici aussi, la population n’a certainement pas voté en connaissant tous les détails du contre-projet et de l’initiative. Mais elle a souhaité exprimer sa volonté de disposer de structures sanitaires et hospitalières pérennes qui permettent aux professionnels de prendre en charge les patients dans de bonnes conditions. Le système évolue donc dans une équation paradoxale : d’un côté, une politique affirmée de longue date de réduction des coûts, de l’autre, une volonté réaffirmée de disposer sur le long terme d’une organisation qui laisse le patient au premier plan avec du temps pour les soins, seul gage de qualité.
La crise Covid et les votations de ce week-end démontrent qu’il va être rapidement nécessaire de reprendre le débat sur les objectifs et le financement des organisations sanitaires. Il faut désormais dépasser le soutien ponctuel ou les simples déclarations. Je laisse à l’appréciation de chacun les éléments suivants, repris d’une position dans la revue Medinside de septembre : « La Suisse a consacré 94 milliards aux pouvoirs publics dans la crise Covid : 722 millions à la prise en charge des patients Covid, 2,7 milliards à la prévention et 90,7 milliards à l'atténuation des conséquences économiques (…) La Suisse forme du personnel hautement qualifié depuis des décennies, même si nous savons qu'il y a une très forte probabilité qu'ils ne soient jamais utilisés - pilotes d'avions de chasse, tireurs pour obusiers automoteurs, techniciens radar pour systèmes de défense aérienne. Le sentiment de sécurité vaut cet argent pour nous. Au moins maintenant, après ces 94 milliards de francs suisses, il est clair qu'il faut aussi développer une formation et une formation continue pour les soins qui pourraient être rapidement mobilisées ». Ces éléments sont assez parlants et particulièrement en phase avec l’actualité.
En profitant de toutes et tous vous remercier infiniment pour le travail effectué, réjouissons-nous de ces deux signaux importants donnés ce week-end.