Les coulisses de la crise ne vont pas de soi
Les coulisses de la crise ne vont pas de soi
Par Jérôme Kubler, directeur logistique
Vous l’expérimentez au quotidien depuis un an: la pandémie actuelle est à la fois un sprint et un marathon. Et, comme toute crise, elle est une puissante révélatrice des réalités et des potentialités. Les coureurs que nous sommes, chacun-e dans son rôle professionnel, s’y confrontent, s’en emparent pour dépasser l’obstacle, s’en réjouissent, s’en énervent, s’en accommodent…
Selon le chimiste Wilhelm Ostwald, «on dit "cela va de soi" des choses sur lesquelles on n’a pas réfléchi». Ce constat s’applique bien aux prestations de la direction logistique, dispensées au service de tous les acteurs hospitaliers. Car, assez loin de l’attention générale, la DLog n’échappe pas à la folle dynamique actuelle. Elle contribue pleinement à la course, transmettant son témoin au prochain relais, qu’il soit médico-soignant ou non.
Au gré des dispositifs successifs, cela s’est traduit par une réorganisation et un renforcement des activités (désinfection, déchets, linge, tenues, vestiaires, hébergements, stationnements, etc.) du service Intendance, dont les personnels sont aussi venus en renfort dans les soins.
Le service cuisine&restauration s’est également élancé dans ce "mara-sprint", se réinventant selon les plans de protection, selon l’évolution des unités de soins, au gré des effectifs et des patients, tout en répondant aux besoins accrus en repas du réseau socio-sanitaire et aux sollicitations les plus diverses; imaginez-vous ainsi ce que représente la distribution sur cinq sites d’une tonne de dons sous forme de chocolats, pommes d’amour, glaces et autres pizzas!
La portion assurée par le service stock&approvisionnements et par le service biomédical a été plus médiatisée, compte tenu de l’enjeu central des matériels de protection, de l’équipement des lits de soins intensifs et continus, ainsi que des dispositifs biomédicaux en nombres très accrus. Mais saviez-vous que les stocks de consommables correspondent à 300 palettes à entreposer, soit la capacité d’une halle de tennis ?
Les services techniques et constructions ont eux aussi chauffé sans compter leurs méninges et leurs muscles pour accompagner cette suractivité. Au fur et à mesure de la réorganisation des unités, ils ont veillé à la gestion et à la redistribution des matériels, ou à l’installation et à la modification des locaux.
Usain Bolt l’affirme: "La compétition, c’est la partie la plus facile. Tout le travail se fait dans les coulisses". Il s’y connaît en course à pied, mais pas en organisation hospitalière! Ainsi, il n’y a aucune partie aisée dans la compétition à laquelle nous nous livrons contre le coronavirus. Rappelons-nous qu’une course collective nécessite planification, coordination et coopération et que, indépendamment de leur vitesse de pointe, seules les bonnes volontés franchissent la ligne d’arrivée.