Une étude éclaire le traitement des infections urinaires
Une étude éclaire le traitement des infections urinaires
Le Dr Gregor John a mené une étude prospective qui confirme l’importance d’une collecte d’urine avant l’antibiothérapie
Les infections du système urinaire entraînent de fréquentes consultations et hospitalisations. La culture d’urine permet d’identifier la bactérie en cause et d’adapter le traitement antibiotique. Cependant, en cas d’infection sévère, la collecte d’urine peut retarder l’initiation du traitement antibiotique. L’urgentiste doit alors choisir entre trois options : attendre, prélever activement l’urine (sonde) ou débuter le traitement avant les cultures. Par ailleurs, et pour diverses raisons, une culture d’urine réalisée après la première prise d’antibiotiques n’est pas rare en pratique, mais sa performance diagnostique restait jusqu’alors inconnue.
Initiée par le Dr Gregor John et financée par le RHNe, une étude prospective multicentrique a inclus aux urgences, de février 2019 à juin 2020, des patients présentant une infection urinaire haute et / ou associée à un état fébrile (majoritairement des pyélonéphrites). Des échantillons d’urine ont été collectés avant et après une antibiothérapie. L’étude montre une diminution rapide de la performance diagnostique de la culture d’urine, puisque seulement un tiers des patients a une culture positive à la première miction, contre 99% des patients avant l’antibiotique. L’étude démontre que la majorité des bactéries avec une résistance à un antibiotique (pouvant impacter le choix du traitement) ne sont pas identifiées dans les cultures post-antibiotique. Enfin, l’étude identifie des facteurs en lien avec le délai entre le début de l’antibiotique et le moment où le prélèvement d’urine aboutit à une culture négative.
Ces résultats confirment l’importance d’obtenir l’urine avant l’antibiothérapie. Dans le cas où un traitement est initié avant, l’étude permet de guider le médecin : le prélèvement doit être obtenu au plus vite, dès la première miction après l’antibiotique, et le seuil pour retenir une infection doit être abaissé, afin d’augmenter la chance d’identifier la bactérie responsable ainsi que son profil de résistance.
L’étude a impliqué divers intervenants (infirmières, laborantins, médecins), plusieurs départements et plusieurs hôpitaux (RHNe-La Chaux-de-Fonds, RHNe- Pourtalès, Hôpital du Jura bernois - Site de Moutier, Centre hospitalier Bienne). Il s’agit donc d’une réussite collective, dans une période marquée par l’épidémie de Covid-19. Par ailleurs, l’article* a été choisi par l’éditeur en chef de Clinical Microbiology and Infection, pour être présenté au congrès européen annuel d’infectiologie (ECCMID), qui s’est tenu du 23 au 26 avril 2022 à Lisbonne.
Référence:
* John G, Mugnier E, Pittet E, Staehli DM, Clerc O, Kenfak AF, Konasch A, Lienhard R, Genné D. Urinary culture sensitivity after a single empirical antibiotic dose for upper or febrile urinary tract infection: a prospective multicenter observational study. Clin Microbiol Infect. 2022 Mar 11:S1198-743X(22)00121-5. doi: 10.1016/j.cmi.2022.02.044. Epub ahead of print. PMID: 35289297.