« Je remercie mes collègues de m’avoir rassurée »
« Je remercie mes collègues de m’avoir rassurée »
Dominique Staehli est médecin-cheffe adjointe en médecine interne sur le site de la Chaux-de-Fonds. Guérie du COVID-19 après un séjour à l’hôpital, elle exprime sa gratitude à ses collègues.
C’est vraisemblablement le 11 mars que la Dre Staehli a contracté le COVID-19. Alors que les premiers cas sont traités au RHNe, elle travaille avec les médecins-assistants dans l’unité COVID de La Chaux-de-Fonds. A 45 ans, elle fait partie d’une catégorie à risque: elle souffre d’un déficit d’immunoglobulines et d’asthme. Elle travaille donc avec tout l’équipement de protection adapté. « En fin de journée, mon chef est venu me trouver pour me dire qu’il s’inquiétait car il connaît mon état de santé. » Un premier frottis revient négatif, et elle ne s’alarme pas.
Néanmoins, cinq jours après, l’état de la doctoresse se dégrade. « Lors d’une réunion de cadres j’ai senti les plus gros frissons de ma vie, je tremblais. » Elle rentre alors à son domicile de Marin pour se mettre au lit, écrasée de fièvre. Un collègue inquiet la rappelle et l’exhorte à se présenter aux urgences de Pourtalès. Tant bien que mal, elle se rend au COP où son état éveille immédiatement des soupçons de COVID-19 ; elle est hospitalisée et un nouveau frottis est effectué. Le résultat tombe le lendemain. « Je n’ai pas pu retenir mes larmes lorsque ma collègue m’a annoncé que le test était positif », raconte-t-elle avec beaucoup d’émotion dans la voix. « Je suis restée 10 jours à l’hôpital. J’ai heureusement échappé aux soins intensifs et j’ai pu rester à l’étage durant tout mon séjour. »
Son état de santé s’étant amélioré, elle peut rentrer à domicile. Un soulagement, même si elle doit se mettre en quarantaine selon les recommandations de l’OFSP. « J’étais toute contente d’être à la maison, avec mes trois chats, de pouvoir prendre le soleil sur mon balcon. » Chaque jour elle essaie de faire quelques pas supplémentaires, elle recommence à manger et ne fait plus de fièvre. Elle contrôle sa saturation en oxygène qui est excellente, ce qui la rassure beaucoup sur son état.
Pourtant sa toux ne diminue pas et la médecine du travail lui recommande d’effectuer un nouveau frottis. « Je suis allée faire le test à La Chaux-de-Fonds car le résultat est plus rapide. Je voulais en profiter pour amener à mes collègues des petites choses pour Pâques. » En voyant son état, ses collègues sont inquiets : elle est essoufflée et tousse encore beaucoup.
Pour les médecins chefs de service, la situation est sérieuse et un frottis n’est pas suffisant : ils lui conseillent de faire un scanner, ce qu’elle accepte. « En voyant le scanner, je me suis dit que c’était celui d’une personne atteinte de COVID-19. Le médecin-chef m’a dit qu’on pouvait me mettre sous perfusion de prednisone, chose qui se fait au HUG et au CHUV. Seulement, comme ce n’est pas un traitement evidence-based, il fallait que je donne mon accord. J’ai accepté. Les effets positifs étaient perceptibles dès le lendemain. » Son état continue lentement à s’améliorer et elle peut finalement regagner son domicile le 15 avril.
Au terme de ce combat contre la maladie, Dominique Staehli tient surtout à exprimer sa gratitude envers les médecins et le personnel soignant. « Mes collègues ont été à la fois très pragmatiques et très empathiques. Ils n’ont pas minimisé la situation, mais ils avaient la certitude qu’ensemble nous pouvions trouver une issue favorable. Dans les moments où j’étais très déprimée, ils m’ont rappelé que ce n’était pas une faiblesse que d’être triste ; que cette maladie était virulente et qu’elle faisait peur. J’étais aussi inquiète de ne plus pouvoir exercer mon métier que j’aime tellement, à cause des séquelles. Ils m’ont répété que ma place était auprès des malades et que nous trouverions une solution. Ils ont été très présents et solidaires. »
Elle a un regret : « Je ne pourrai pas remplir le questionnaire de satisfaction des patients puisque je fais partie du personnel ! Mais si on me demandait de le remplir, j’aimerais pouvoir dire que le personnel a tout fait pour que les choses se passent bien, tout le monde a été à l’écoute et m’a encouragée. Je suis très reconnaissante. »