Par Olivier Plachta, codirecteur médical 

Le mardi 23 septembre dernier a marqué une étape importante dans l’histoire de notre hôpital. Le RHNe, aux côtés de quatre autres établissements – l’Hôpital du Jura, le Centre hospitalier Bienne, les Établissements hospitaliers du Nord vaudois et l’Ensemble hospitalier de la Côte – a signé à Berne une convention de coopération donnant naissance au Réseau Bleu.

Cette alliance n’est pas une signature parmi d’autres. C’est un choix, une vision, un engagement. Celui de croire que, face à la complexité croissante du système de santé, la réponse ne réside pas dans l’isolement mais dans la coopération. Celui de bâtir un avenir où les frontières administratives s’effacent au profit de parcours de soins plus fluides, plus humains et plus durables. Celui, enfin, de placer la confiance et la solidarité au cœur de notre mission collective.

Un réseau porté par le sens

Le Réseau Bleu est né d’une conviction simple et partagée : ensemble, nous sommes plus forts. C’est une alliance volontaire entre des hôpitaux autonomes, unis par la volonté d’imaginer autrement le futur de la santé. Une réponse concrète aux défis que nous vivons chaque jour: pénurie de personnel, hausse des coûts, exigences accrues des patient-e-s, complexité des parcours de soins.

En tissant des liens de coopération, nous voulons offrir à chaque patient-e un accompagnement continu, coordonné et respectueux de sa singularité. Cette démarche rejoint pleinement la philosophie des soins intégrés que nous allons développer dans notre canton: une prise en charge globale, où l’hôpital, les médecins de premier recours et les partenaires du réseau partagent une même responsabilité.

Une alliance au service des régions et des personnes

Le Réseau Bleu ne vise pas la centralisation ou le marchandage de prises en charge, mais l’équilibre entre force collective et ancrage local. Chaque établissement garde son identité, sa culture, ses forces. Mais ensemble, nous partageons des outils, des expertises et des ambitions comme le développement de projets numériques et organisationnels communs; la stimulation de l’innovation au service du bien-être des patient-e-s et des soignant-e-s; la mutualisation de certaines ressources transversales pour libérer du temps et de l’énergie pour nos équipes et le renforcement de l’attractivité de nos disciplines médicales et de nos métiers.

Cette dynamique ouvre des perspectives concrètes pour le RHNe. Elle doit nous aider à faciliter la gestion des flux de patient-e-s, l’accès à des expertises rares, le développement d’outils numériques partagés et la création de synergies précieuses dans les services supports. Elle nous permettra aussi d’expérimenter, avec nos partenaires, de nouvelles formes d’organisation et d’interprofessionnalité. 

Comme tout projet d’envergure, le Réseau Bleu suscite aussi des questions et des craintes légitimes. Certain-e-s s’interrogent sur la charge supplémentaire que pourraient représenter ces coopérations, sur la complexité de la gouvernance ou encore sur le risque de dilution de nos forces et spécificités locales.

D’autres redoutent que les promesses d’efficience se traduisent, à terme, par des contraintes supplémentaires pour les équipes. Ces préoccupations sont saines et nécessaires : elles nous obligent à être lucides, transparent-e-s et vigilant-e-s.

Notre responsabilité collective sera de garder le cap du sens, d’ancrer chaque avancée dans la réalité du terrain, et de ne jamais perdre de vue le soin, la proximité et la confiance.

Le Réseau Bleu ne doit pas s’imposer « d’en haut », mais se construire pas à pas, avec les équipes. Cela prendra du temps, avec des pas en avant, mais aussi des échecs et des blocages. C’est une occasion à saisir de grandir sans se renier, de consolider notre mission publique tout en innovant. 

Le nom de Réseau Bleu n’a pas été choisi au hasard. Le bleu évoque la confiance, la solidité et la sérénité. Il cherche à symboliser ce fil invisible qui relie nos institutions, nos régions et nos équipes – ce lien entre nos missions et nos valeurs.

En rejoignant ce réseau intercantonal, le RHNe s’inscrit dans un mouvement porteur: celui d’un système de santé plus intégré, solidaire et durable. Un système qui mise sur la coopération plutôt que la compétition, sur la connaissance partagée plutôt que la fragmentation.

Le Réseau Bleu n’est pas une fin, mais un début. Le début d’une nouvelle manière d’agir, d’échanger, de soigner – ensemble.